Sidney Olcott, le premier oeil

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7 août 2020


 

 

 

 

Olcott : "Je suis joignable au Hollywood Athletic Club"


Sidney Olcott n’a jamais eu de maison à lui. Le cinéaste-voyageur, a passé sa vie à poser son sac là où il était appelé à travailler. Ce qui ne lui laissait pas le temps - et peut-être - les moyens d’avoir une maison à lui.
On a peu d’information sur son enfance. Né en 1872, il a grandi à Toronto au Canada. En 1902, il passe aux États-Unis. Acteur et chanteur amateur, il cherche à faire carrière à New York. On trouve mention de son nom dans les journaux qui signalent la représentation de pièces de théâtre dans les différentes villes du pays.
On a lu les souvenirs d’acteurs de ces troupes itinérantes pour imaginer quelle est sa vie.  Un meublé en attendant un engagement. Puis, les trains de nuit qui vous mènent de ville en ville. Et quand, la troupe a plusieurs représentations dans une même ville, elle séjourne dans un meublé ou un hôtel, jamais répertorié parmi les plus belles étapes.

Devenu producteur-réalisateur en 1907, Olcott ne s’est toujours pas fixé. Il a d’abord travaillé à New York et dans sa banlieue, puis pendant de longs mois, en Floride, au Canada, en Irlande, au Moyen-Orient…

Il a mis du temps à traverser l’Amérique jusqu’à Hollywood. Son premier film, « Scratch my Back » (Goldwyn) date de 1920. A l'époque, il est en quelque sorte réalisateur-pigiste. Il accepte les contrats sur la côte ouest mais, met un point d’honneur à retourner vers l’Est. C’est là qu’il tourne ses plus grands films avec les plus grandes stars: Mary Pickford, Marguerite Clark, George Arliss, Marion Davies, Gloria Swanson, Rudolph Valentino, Jetta Goutal…
Ce n’est que contraint, qu’il tourne à Hollywood, avec Norma Talmadge, Pola Negri, Richard Barthelmess et Claire Windsor…

Après l’échec de son expérience anglaise en 1928, Olcott retourne aux États-Unis. Et sur sa fiche d’émigration, il donne comme adresse le Hollywood Athletic Club, 6521, Sunset Boulevard, Los Angeles. Et c’est là qu’il est qu’il est répertorié lors du grand recensement fédéral de 1930.



Le HAC. Un bel immeuble,  imaginé par le cabinet Meyer & Holler, à qui l’on doit le Grauman’s Chinese Theatre, la salle des avant-premières hollywoodiennes. Un club privé avec grande piscine, salles de sports, salons, de suites et de chambres d’hôtel. La cotisation annuelle est de
$150  plus une redevance mensuelle de $10. La jauge est de 1 000 adhérents et les titulaires de cartes s’appellent : Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks, Mary Pickford, Cecil B. deMille, Johnny Weissmuller, Errol Flynn, Clark Gable, John Ford, John Wayne…
Le HAC c’est aussi le théâtre préféré d’amateurs de cinq à sept et plus si affinité.
Aujourd'hui en sommeil, l'Hollywood Athletic Club est à louer pour des évènements. David Bowie y a donné un concert en 1997; Clint Eastwood y a tourné des séquences pour "Million Dollar Baby" (2004). Le HAC sert aussi de décor pour des séries TV comme "Unsolved Mysteries", "Mad Men", "Profiler" et "Scorpion"... Son site Internet mériterait d'être actualisé.

A la différence d’un constat d’adultère, le recensement est un document neutre qui ne met pas en cause les gents mentionnés dans le PV. Je me suis intéressé aux personnes qui ont été recensées à l’adresse du Hollywood Athletic Club,  pour voir qui habitait là en 1940

25 locataires ont été recensés ce jour-là au HAC. Un chirurgien, deux physiciens, un banquier, deux sans-professions… et beaucoup de gens de cinéma : l’acteur Herbert W. Green et les réalisateurs Noyes Dowley et Donald Davis sur lesquels je n’ai trouvé aucune information.
En revanche, les suivants ont une histoire :



Chester Bennett (1892-1943), est réalisateur d’une vingtaine de films muets d’abord pour Vitagraph puis pour sa propre compagnie. Le plus notable ? « The Painted Lady » (1924) avec George O’Brien et Dorothy Mackaill. Il est mort à Hong Kong, fusillé par les Japonais qui occupaient la colonie britannique.


Walter Byron (1899-1972), est un acteur britannique que l’on retrouve au générique de « Queen Kelly » (1932) d’Éric von Stroheim, « Le Passeport jaune » (1931) de Raoul Walsh et de « Mary Stuart » (1936) de John Ford.


Herbert E. Holmes (1882-1956), est un acteur britannique, émigré aux Etats-Unis en 1912. Sa filmographie compte plus de 200 films du muet et du parlant. On s’étonne que son chemin n’ait pas croisé celui d'Olcott tant il partage l’affiche de la plupart des acteurs de l’époque qu’Olcott a dirigés. Il est l’ami du Dr Jekyll, dans « Docteur Jekyll et Mister Hyde » (1931). Il est au générique d’autres films d’horreur : « Masques de cire » (1933), « L’Homme invisible » (1933) et de grands classiques hollywoodiens : « Captain Blood » (1935), « La charge de la brigade légère », « Les Aventures de Robin des bois » (1938), tous trois signé Michael Curtiz et de « Correspondant 17 » (1940) d’Alfred Hitchcock…



Edmund Burns (1892-1980), est un acteur américain qui est crédité d’Edward Burns au début se sa carrière riche d’une bonne centaine de films muets et parlants. Burns connaît bien Olcott puisqu’il est dans « L’Impossible Mariage » (« Marriage for Convenience » - 1918), Ned, le malheureux fiancé que Catherine Calvert délaisse pour épouser un riche homme d’affaire, capable de payer l’opération de sa sœur aveugle. Il est aussi Randal, journaliste américain qui tombe amoureux de Toinette (Gloria Swanson), chef d’un gang d’Apaches à Paris dans « Les Loups de Montmartre » (« The Humming Bird » - 1923).

Combien de temps, Sidney Olcott a été locataire au Hollywood Athletic Club? Je ne sais pas. Le seul document dont je dispose est le Los Angeles City Directory, l’annuaire téléphonique de 1939, où il est écrit que Valentine Grant, sa compagne, et Sidney Olcott demeurent au 955 North Kings Road. En 1936, Olcott n’y figure pas.

Lors du recensement fédéral de 1940, le couple vit 8493 Fountain Avenue, West Hollywood.



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