Ce n’est que le 21 décembre et
l’article deThe
Omaha Daily News(Nebraska) que je retrouve trace
avérée de Gene Gauntier. Le critique l’a trouvé« délicieuse ».
Néanmoins, selon le site
findagrave.com, le petit garçon n’est enterré au cimetière
Elmwood de Kansas City, Missouri, block J, lot 7, que le 7
avril 1907. Normal ! le froid glacial gelant le sol du
centre de l’Amérique empêche les fossoyeurs de pouvoir
creuser, laissant donc à Gene le temps d’embrasser la
dépouille de son fils et de rejoindre sa troupe.
Le comportement de la
jeune femme interpelle bien sûr. Avec ces quelques
éléments, il n’est pas difficile de diagnostiquer qu’elle
n’avait pas beaucoup d’instinct maternel. Ambitieuse, mal
mariée, Gene Gauntier n'avait sans doute pas de place dans
sa vie exaltée pour un petit garçon qui n'aura vécu que 20
mois.
Le 11 mai 1912, à Jérusalem
durant le tournage de« From
the Manger to the Cross »,réalisé par
Sidney Olcott, Gene Gauntier épouse Jack J. Clark, le
jeune premier de Kalem avec qui elle a partagé l’affiche
dans des dizaines de films. Le 1er février 1918, le couple
divorce. Ils n’ont pas eu d’enfant.
Gauntier abandonne le cinéma au
début des années 20. Le temps des pionniers est passé.
Elle devient journaliste, romancière, profite des
largesses de son beau-frère qui possède des propriétés en
Suède, à Paris… Elle voyage, raconte ses débuts dansBlazing
the Trail, une autobiographie publiée en
feuilleton par le mensuel fémininWoman
Home Companionen 1928-29.
Ses retours à Kansas City sont
l’occasion d’articles où Gene Gauntier livre quelques
confidences. Ainsi le 23 novembre 1930 dansThe
Kansas City Star,elle
répond à une question du journaliste qui s’étonne qu’elle
vienne de Suède, avec sa sœur Marguerite, juste pour
enterrer les cendres de son père :
« Nous sommes une famille du Missouri.
Papa et Maman et leurs enfants sont nés dans le
Missouri et ont vécu une grande partie de leur vie,
ici, principalement à Kansas City. Nous avons une
grande concession au cimetière d’Elmwood. C’est un
site merveilleux qui pour nous est sacré car beaucoup
de gens que nous aimions y sont enterrés. Nous
l’aimons. Il y a 11 ans, Maman est devenue handicapée
et j’ai arrêté ma carrière de star du cinéma pour
m’occuper d’elle. Nous vivions avec ma sœur à
Stockholm. Pour elle, j’ai organisé une croisière en
bateau depuis la Suède jusqu’en Amérique du Sud en
espérant que cela la soulagerait. Ça n’a pas marché.
Elle est morte en 1924 et, après la crémation, j’ai
rapatrié ses cendres jusqu’à Kansas City et les ai
enterrées à Elmwood. Pour ce voyage j’ai ramené les
cendres de Papa et les ai placées à côté d’elles.
Quelle que soit la distance qui nous sépare de Kansas
City, nous reviendrons tous, un jour ou l'autre, pour
être enterrés à Elmwood. »
Elle n’a pas un mot pour Jean
Jerome qui est inhumé avec ses grands-parents ! Elle n'a
pas tenu parole. Aucun des trois enfants de James W. et de
Ada J.Liggett n’est enterré avec ses parents. Richard
Green (1880-1941), l’aîné, l’est au Memorial Park Cemetery
and Sunset Gardens à Kansas City, Missouri au côté de son
épouse ; Gene (1885-1966) et Marguerite (1890-1973) sont
inhumées à Häringe Slott, sous une pierre viking, à une
cinquantaine de kilomètres de Stockholm (Suède).